La conscience, un système on/off?
Il était une fois une jeune fille qui, attentive à son environnement, décida de « déconnecter » son cerveau. Fatiguée de penser, elle voulut simplement ressentir, laisser passer les mots, les sons, les pensées.
Peu à peu, le bruit dans sa tête s’estompa. Les perceptions restaient, mais leur sens s’effaçait — comme si son cerveau s’était mis sur pause.
Cette image illustre bien une question fascinante : Peut-on vraiment éteindre sa conscience ? Et surtout, comment notre cerveau gère-t-il cet état de présence au monde ? Ou
Qu’est-ce que la conscience ?
De récentes études nous éclaire sur le mystérieux fonctionnement de notre conscience. Ce serait plutôt simple, un tout petit bouton « on/off »: le claustrum.
La conscience est un processus complexe qui se produit dans le cerveau. Il n’y a pas de centre, ni de compartimentation claire, il s’agit d’un fonctionnement en réseau. Par contre, nous savons qu’elle nécessite:
- un état de vigilance ou d’éveil, de différents niveaux, cela dépend de l’activité cérébrale et musculaire, cela va du stade paradoxale (celui du rêve) du sommeil à la veille attentive ( celui de l’activité cognitive et musculaire).
- la conscience de l’expérience. Il s’agit de la capacité à interagir avec un objet, de former des représentations mentales à partir d’informations perceptives et de les manipuler pour agir (fonctions exécutives, comportements).
La conscience est le système global, où l’on retrouve la pensée (activité cognitive) et l’état de vigilance.
Dans cet espace, il faut ajouter le module « vigilance » qui va focaliser et hiérarchiser nos perceptions et nos représentations.
Par exemple, j’écoute de la musique ( perception 1) et je mets ma main sur une plaque électrique en train de chauffer (perception 2 = la chaleur). Tant que 2 ne devient pas plus importante que 1 cela va rester l’élément de mon attention et de ma conscience mais lorsque la perception 2 dépasse en quantité et qualité ( j’ai chaud mais surtout très chaud) alors 2 va supplanter 1. Je vais donc enlever ma main de la plaque chauffante.
Quand le cerveau “déconnecte”
Pour comprendre comment la conscience peut “s’éteindre”, les chercheurs se sont intéressés à une zone mystérieuse : le claustrum.
Il s’agit d’une fine bande de matière grise logée dans l’insula, extrêmement connectée aux autres régions cérébrales — notamment :
-les aires motrices, qui orchestrent les réponses corporelles.
-le cortex préfrontal, siège des fonctions exécutives (raisonnement, mémoire de travail, planification) ;
-le cortex pariétal, impliqué dans la perception de l’espace et de l’attention ;
Le claustrum : un interrupteur de la conscience ?
Des études fascinantes suggèrent que le claustrum pourrait agir comme un “bouton on/off” de la conscience.
🔹 Expérience 1 – Substance hallucinogène
Des chercheurs américains ont étudié les effets de la Salvia Divinorum, plante hallucinogène dont le principe actif (Salvinorine A) se fixe sur les récepteurs du claustrum.
Résultat : les sujets décrivent une altération profonde de la conscience – perte des repères corporels, distorsion de la perception du temps et de l’espace.
🔹 Expérience 2 – Épilepsie
Chez une patiente atteinte d’épilepsie, la stimulation du claustrum a temporairement suspendu toute conscience de l’expérience : éveillée mais “absente”, elle ne réagissait plus à son environnement.
L’état de vigilance était intact, mais le sens des perceptions avait disparu.
Ces observations montrent que le claustrum joue un rôle clé dans la coordination entre les zones cérébrales : quand il se “désactive”, la cohérence de notre expérience consciente s’effondre.

Ce que cela change dans notre compréhension du cerveau
Ses découvertes bousculent notre vision classique de la conscience. Elles montrent que celle-ci ne dépend pas d’un seul centre, mais d’un équilibre entre vigilance, perception et interprétation. Elles ouvrent aussi des pistes thérapeutiques prometteuses, notamment pour :
- le traitement de l’épilepsie,
- la recherche sur les états de conscience altérés,
- et la compréhension des troubles dissociatifs ou anxieux, où la sensation de “déconnexion” est fréquente.
En thérapie TCC, la conscience de soi joue un rôle essentiel. Apprendre à observer ses pensées, émotions et sensations, c’est déjà réactiver les connexions du “réseau conscient”. Des approches comme la pleine conscience (mindfulness) ou la relaxation s’appuient justement sur cette capacité à ajuster notre état de vigilance. Elles permettent de ralentir le flux automatique de pensées, de retrouver une perception plus claire du présent, et de se reconnecter à soi.
